Sur la route en descendant de Morsiglia et en cherchant le cimetière aux ânes, j’ai pris le sentier qui longe la mer en un relief abrupt et déchiré, offrant une vue panoramique sur la partie occidentale du cap.

On passe subitement de la lumière irradiante à l’obscurité du sous bois, une petite forêt de chênes verts qui surgit tel un décor secret, le dessous caché d’un paysage qui se déploie comme une figure archétypale.

Je suis revenue sur le cap à la recherche de ce sentier, celui  qui mène  à la forêt cachée, là  où le temps est suspendu.

J’ai retrouvé mon chemin et j’ai pris une photographie, exactement à l’endroit où je me trouvais 5 ans auparavant.

A partir de là, je suis partie de l’idée de l’image dans l’image, du souvenir dans la photographie et des mises en abîmes.

J’ai photographié des fragments de paysages sans horizon, des arbres tortueux et fragiles, des rochers semblant surgir du néolithique. En modifiant les perspectives, en créant des ruptures ou en intégrant une image dans l’image, j’ai cherché à renverser les codes de représentations classiques ( le paysage panoramique et horizontal).

 Provoquer des ruptures de lignes dans l’image c’était aussi se rapprocher des accidents géologiques du cap et de l’orographie de ce territoire qui renferme tout le mystère de ce qui nous échappe, les dessous que l’on ne perçoit pas.

Sur la route en remontant de Centuri, en obliquant sur la gauche, avant d’emprunter la D80 apparaît l’Eglise du Couvent de Morsiglia, dit couvent de l’Annonciation.

C’est en y pénétrant que se révèlent des autels  simples et dénudés ordonnés en une suite  d’alcôves. Ici aussi le temps s’est arrêté.

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